Uruguay

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dimanche 11 janvier 2015

Être français hors de France



Alors voila, je voulais faire un petit article pour vous décrire ma rue, le boulevard que je surplombe, les bruits que l'on entend, vous faire partager l'atmosphère de la capitale de l'Uruguay, vous immerger un peu dans mon expérience. Puis, avec tout ce qu'il s'est passé ces derniers jours j'ai trouvé que l' article banal que j'allais pondre manquait un peu d’intérêt et surtout de hauteur.
Le jour des attentats de Charlie Hebdo, j'ai reçu par la poste un document important à mes yeux et transmis par l'ambassade de France en Uruguay : ma carte de français établis hors de France.

Alors qu'est ce que c'est qu'être français et résider à l'étranger. J'essaie de vous le faire ressentir et vivre par procuration par le biais des différents blogs et contacts que j'ai avec vous lorsque je résidais en Chine, en Suède, en Belgique ou aujourd’hui en Uruguay. Mais les informations que je donne sont souvent des points de vus sur des voyages, des lieux, des gens et je l'avoue presque toujours enthousiastes comme j'aime l'être face au Monde et à la vie en général.

Mais la vie d'expatrié à d'autres aspects, moins agréables mais tout aussi important, déjà le manque (famille, amis, pays, culture, nourriture...) bref tout ce qui a fait partie de notre ancienne identité nous revient parfois en boomerang et cette étrange sensation qu'à vivre aux quatre coins du globe on perd parfois des instants et des choses importantes. Ce sont des moments de flottement, rehaussés particulièrement pendant la période des fêtes de fin d'année et lors de tous les rassemblements familiaux, mais on se ressaisit vite et on se replonge sans regrets dans le quotidien et la vie que l'on a choisie.

Et puis il y a la distance par rapport à la France et aux français, parfois salvatrice (loin du côté râleur, loin de l'omniprésence du show politique...) mais parfois comme un poids, on aimerait être là dans certains moments importants de la vie française, les premiers bains dans la méditerranée, les premiers jours de printemps sur les pelouses de Paris, les soirées à boire du vin en refaisant le Monde, les cafés pris en terrasse, le réconfort des troquets dans les froides nuits d'hiver, les victoires de l'équipe de France ou encore cette semaine horrible que la France vient de vivre, nous donne envie d'être sur place.

Etre français à l'étranger, c'est aussi être un ambassadeur, à travers nous aussi circule l'image de la France. Je suis d'ailleurs bien plus à même de défendre la France, ses valeurs, sa beauté et sa diversité depuis que je n'y vis plus. La distance à cette tendance à ne rappeler que les bonnes choses. Alors on conseille, on recommande et on oriente toutes les personnes qui font de la France une option de vacances où même une destination pour s'installer. C'est aussi ça "le rendre à la France" car dans les yeux des gens il y a toujours quelquechose de particulier qui se passe quand on leur annonce d'où l'on vient, quelquechose qui ne se passe pas avec les autres nationalités.

Alors mercredi j'ai tenté ces quelques modestes lignes :

"Les fleurs du sang, des débris et du drame. L'odeur de poudre toujours face à la liberté. Quelques minutes pour que disparaissent des penseurs pleins de fougue et d'esprit, quelques minutes pour que disparaissent nos semblables, des citoyens ayant leurs cerveaux et le crayon comme seuls outils de travail. 

Triste jour pour tout mon pays, qui loin de moi pleure ses héros. Je ne lisais pas ce journal, mais qu'importe, chaque fois leurs dessins me faisaient sourire et le fait n'est pas là. Ce qui nous révolte aujourd'hui, ce qui nous attriste tous, ce qui nous donne l'envie de combattre, c'est que les symboles forts de la France viennent d'être attaqués. La liberté d'expression, de la presse et de pouvoir rire de tout. Quand je vois les visages des journalistes de l'hebdomadaire, ce sont mes semblables, je me reconnais en eux. J'y vois comme des oncles, je revois des réunions de ma propre famille autours de bons vins et plaisantant sur des dizaines de sujets, sans barrière. 

C’est aussi ça la France, ils formaient une belle famille. Car en France on aime rire, on sait rire et on rit dans notre style qui nous caractérise et sans méchanceté. La capacité de rire des français nous a certainement aidé dans toute notre histoire et à être le pays que nous sommes aujourd'hui. Car rire reste aussi l’arme pour se défendre de l’horreur et se protéger en tant qu’être humain face à la barbarie."


Alors cette attaque nous vise tous, nous citoyens français, où que l’on soit, c'est tous nos symboles et toutes nos idées qui ont été attaquées mercredi. C'est notre liberté, la belle et sacrée liberté française qui a été  attaquée mais qui se relèvera. A la vue de tout ces mouvements de solidarité qui sont naît après ces tragédies, j’ai l’espoir que peut être, quelquechose de grand et fort puisse naître de tout ça, une véritable union nationale qui dure dans le temps, il n’en tient qu’à nous même si l'on sait ces choses là fragiles ! 


Montevideo hier, loin de tout ça:



Depuis mon balcon qui donne sur le boulevard Ellauri, là où l'on prend notre café à l'ombre, passe des bus de tout âges, des motos bruyantes et un flot éparses de voitures et de taxis. La capitale étant délaissée la première quinzaine de janvier au profit de toutes les stations balnéaires du pays. la vie est calme, tranquille et apaisée. Le soleil brille puissant et irradie chaque Homme d'une énergie nouvelle.

Ces événements semblent très loin même si ils sont grandement rapportés par la presse locale.



Une maison de notre quartier, style caractéristique de Montevideo

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