Uruguay

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jeudi 26 septembre 2013

La comédie française au Solís


Les capitales de la culture, comme un phénomène de mode, voici la troisième ville dans laquelle j'élis domicile qui est concernée par l’évènement. Bien sur Marseille donc vous avez forcément du entendre parler, mais aussi Umeå la petite ville du Nord de la Suède dans laquelle je passais un an qui le sera l'année prochaine. Et voila que Montevideo arbore fièrement son titre "Capital Iberoamericana de la Cultura 2013".



Pour l’évènement, la comédie française posa ses valises en Uruguay le temps d'une représentation au Solís. J'imagine un peu la vie de ses acteurs, voyageant pour leur passion, se présentant un jour à Osaka et l'autre à Rio tout en jouant dans leur langue devant des visages si différents; bridés ou hâlés, ébènes ou pâles, mélangés ou monochromatiques...
Les regardent t'ils vraiment d'ailleurs? Jouent-ils différemment au Mexique ou en Egypte ? S’intéressent-ils aux pays qu'ils traversent? Ou ne les voient ils que comme des fantômes d'autres réalités qui apparaissent éphémèrement devant leurs yeux le temps d'une levée de rideau et entre deux avions? Je reste songeur sur ces points là, mais tout de même, quelle aventure !


 

Le Solís, haut lieu de la scène culturelle uruguayenne. En tout cas, en ce qui concerne le théâtre et l’Opéra. Un bâtiment d’un peu plus de cent-cinquante ans situé dans la vieille ville, à deux pas de la Plaza Independencia. La lumière rouge est allumée sur le toit ce soir signe qu’une représentation y est donnée, ça tombe bien, on est venu pour ça !
 



Nous avons des places au dernier étage, ce qui s’appelle poulailler chez nous possède le nom beaucoup plus sympathique de « Paraíso », Paradis, ici. Nous avons donc une vue imprenable sur le théâtre, le grand lustre et les fresques du plafond… et bien sûr, les spectateurs ! Les gens ici viennent bien habillés mais très sobres, les couleurs sont une déclinaison de noirs et de gris, profil-bas est le maître mot comme on me l’indique. Je compte environ un cinquième de français dans l’assistance, le théâtre est plein, la pièce commence.

 

« Le jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux, en français avec des sous-titres ou sur-titres en espagnol au dessus de la scène. C’est une pièce drôle et assez avant-gardistes qui traite entre autre de l’émancipation des femmes alors qu’elle a été écrite au début du 18ème. Remplie de quiproquos et de retournements de situation, on rit beaucoup. La mise en scène varie entre modernisme et classicisme et ce n’est pas pour déplaire.

En tout cas une vraie réussite pour ma première au Solís, on se promet que la prochaine fois on viendra voir du théâtre uruguayen.
Les acteurs, eux, profitent-ils du répit pour se promener dans Montevideo ou dorment ils-déjà en vue de leur prochaine représentation à Varsovie ou à Londres ? 

PS : Les photos de l'extérieur du théâtre et de la pièce ne sont pas de moi. 

jeudi 19 septembre 2013

Punta del Este


On part pour Punta del Este de nuit. De nuit il faut entendre vers 19heures, un ciel noir, la pluie qui crache, le froid qui pointe. Le trajet se fait au rythme du maté et des discussions, on rattrape le temps perdu le temps de la route (Nous faisons le chemin avec la mère de Magda et Alfredo). On arrive tard et on prend le repas dans la maison glacée, l’entrée au lit est difficile mais peu à peu la chaleur de nos corps chauffe les draps et l’on s’endort paisiblement.  

Le mot paisible convient bien à cette ville pendant l’hiver. Elle passe de 12 000 habitants à plus de 400 000 entre la période hivernale et estivale. Le temps n’est pas plus beau le jour suivant, il s’est même empiré. Des inondations dans de nombreuses régions du pays, on voit les images par la télé. Je pense à l’Aude sous les pluies comme on la voit en France. Les maisons sous les flots, les gens effondrés, logés dans des gymnases le temps que l’intempérie emporte vraiment tout. L’impuissance en puissance.



Le temps est cependant idéal pour la mission qui est la mienne, terminer les corrections de mon livre. Améliorer la traduction d’une trentaine de poème est un exercice difficile et fatiguant mais nous avons du temps et les choses avancent. Je suis surtout bien aidé par un poète argento-uruguayen.
On fait une sortie dans le coin en voiture, seul moyen de se promener au sec. La mer engloutit littéralement la route de son écume blanche bouillonnante. Les flots sont déchaînés, Santa Rosa ne semble toujours pas apaisée.


Mercredi au réveil, le soleil est revenu, plus aucun nuage ne trouve le ciel céleste. On peut marcher jusqu’à la plage. Le sable est encore humide des derniers jours diluviens. Mais l’astre brille fort en signe du renouveau, le printemps est il pour maintenant ?

Le soir la belle lune pleine découverte de tout voile, comme un écrin dans la nuit noire. On voit les étoiles, tout est calme et en paix, le monde tourne à nouveau rond. Plus tard, on regarde « Hombre mirando al sudeste », un très beau film argentin qui nous prouve le contraire. En tout cas je vous le recommande.



Le froid s’en va définitivement jeudi et l’on peut manger dehors. Il est l’heure de rentrer à Montevideo en sachant qu’à tout moment, la tranquillité se trouvera toujours l'hiver à une bonne heure de route.


samedi 14 septembre 2013

Esperando Santa Rosa




Santa Rosa. Depuis que j’ai mis les pieds ici tout le monde parle de ça. Santa Rosa, tempête au nom légendaire sensée tomber dans les derniers jours d’aout chaque année. Cette année on dit qu’elle est un peu retardée, mais qu’elle arrive toujours de la même façon après quelques jours aux températures trop élevées pour la saison. En effet, dès dimanche les températures devinrent estivales.
Premier jogging sur la Rambla, au milieu des badauds profitant des dernières heures du weekend, thermos sous le bras et maté à la main.





Un weekend ou je découvre la où l’on vivra du moins pour la première année, tout est encore en travaux mais cela avance très vite et l’on devrait emménager d’ici une dizaine de jours. Lundi, Magda arrive enfin ! Le soir même on fête ça avec la famille autour d’un Asado, le festin Uruguayen typique. L’asado est l’âme de l’Uruguay, la chaleur du brasier égale à celle de ses habitants, le partage, les saveurs…
Cette première semaine fut chargée, dévoiler la surprise de notre venue à tous les amis de Magda, travailler sur la maison, les rencontres se succèdent,  premiers entretiens de travail, première rencontre avec un concitoyen, affaireS à suivre.



Santa Rosa arriva finalement jeudi, sainte rageuse abreuvant la terre de ses kilomètres de pluies et ses furieux éclairs. Au dessus de la mer, un ciel lourd et gris. Emportées par le vent les vagues déferlent, crachant leur écume sur le sable déjà humide.

La semaine prochaine on met le cap sur Punta del Este pour quelques jours. Retrouver la sérénité mélancolique des stations balnéaires pendant l’hiver.

A bientôt !

« Il pleut sur la mer et ça ne sert à rien
Les cieux, c´est leur droit d´avoir du chagrin
Des nuages indiens vident leur carquois
Il pleut sur la mer et ça nous ressemble
De l´eau dans de l´eau, c´est nous tout crachés
Et nos yeux fondus au coeur de septembre
Regardent rouler des larmes gâchées
Curieuse avalanche » (A Leprest)

samedi 7 septembre 2013

Le voyage


Le voyage commença plutôt mal, certains auraient pris ça pour un signe et ne seraient pas montés dans l'avion. En effet, sur le chemin de l'aéroport mon portable rend mystérieusement l'âme. Une fois dans la salle d'embarquement, voulant prendre quelques notes, mon stylo coule de toute son encre teignant mes mains et mon pantalon d'un bleu hondurien. Voulant jeter ledit objet dans la poubelle la plus proche, je me lève et mon casque se rompt en deux, je ferais donc le voyage sans musique. Tout cela en une demi-heure.

Sur le Marseille - Madrid, je tente de me détendre un peu en lisant Neruda. J'ai du mal à me concentrer. Il me parle de sa forêt chilienne natale, je fini par m'évader un peu dans des lieux très différents de ceux que je vais bientôt retrouver. Mais pour l'heure pas question de lire sur l'Uruguay, je veux d'abord l'explorer, le vivre et l'écrire par moi même.

Sous la carlingue, des canyons arides se dessinent des nuages minces font penser à des peaux de bêtes étendues, morcelant le paysage. Au loin, un coucher de soleil se profile, la ligne d'horizon passe du blanc à l'ocre tandis que l'on contourne un gigantesque cumulonimbus prêt à exploser, je tente une première sieste.

Madrid, un hamburger pour me remplir la panse, encore deux heures d'attente et je m'envole, enfin, pour l'Am Sud. L'avion se remplit de brésiliens, ces êtres fiers à la bonne humeur communicative. Je tente de capter les conversations, écoute les rires et les anecdotes et fini par m'endormir d'un bon sommeil.



Dans la nuit noire on distingue les villes côtières brésiliennes. On passe Salvador, Bello horizonte, Porta negra... On appercoit même par endroit la clarté du sable des plages, une ligne de lumière avant la noirceur des flots. Bello horizonte, et tout ces points électriques alors que les couleurs de l'aube percent sur le nouveau continent. Ici-bas la journée commence bientôt, les premiers réveils ont déjà du sonner, café et maté se prennent en silence au creux des cernes.


Par dessus les brumes, l'arrivée à Sao Paulo me fait penser au Japon de mon imaginaire, le soleil levant sur une mer de nuage d'où émergent quelques sommets verts. Une fois la barrière de vapeur passée, le décor est tout autre, un amoncellement de toits de maisons d'où dépassent de nombreux buildings, à perte de vue. A l'approche de l'aéroport, les toits en dur laissent place à quelques bidonvilles, impassible le mastodonte atterrit sur la piste fraîche, encore un peu d'attente et je serai en route pour ma destination finale.


Le survol de Sao Paulo crée un contraste important quelques heures plus tard à la vue du décor Uruguayen. Des étendues vertes désertes et planes, quelques villages isolés reliés par des chemins de terre. Ces chemins font penser à des serpents aux courbures géométriques, ondulant pour empêcher quelques hameaux de tomber dans l'isolement totale et l'oubli. Le territoire est vaste et accueillant, on passe un grand fleuve  (surement une partie du Rio Negro) et quelques villes de tailles plus importantes.



Enfin se profile le dôme aplati de l'aéroport de Montevideo - Carrasco, semblable à une gigantesque soucoupe volante blanche. Tant de discussions, de questionnements, de réflexions et voila que je touche au but.

L'aventure peut enfin commencer!


jeudi 5 septembre 2013

Le départ



Madrid, Sao Paulo puis Montevideo. Le sixième mont vu d’est en ouest par les espagnols qui s’étaient engouffrés dans le Rio de la Plata, monte VI d e o.

Passer de l’autre côté du monde, là ou les noms de villes sonnent comme autant d’aventures possibles. C’est le jour du départ, il ne me reste plus qu’à tracer une diagonale sur l’Atlantique et alors il faudra en découdre. S’installer, trouver du travail, prendre le rythme…

En attendant je me souhaite un bon voyage et j’espère que vous serez nombreux à lire les aventures que je posterai (je vais m’attacher à faire cela de manière régulière) sur ces pages.