"Hay días en que somos tan móviles, tan
móviles,
como las leves brizas al viento y al azar.
Tal vez bajo otro cielo la Gloria nos sonríe.
La vida es clara, undívaga, y abierta como un mar."
como las leves brizas al viento y al azar.
Tal vez bajo otro cielo la Gloria nos sonríe.
La vida es clara, undívaga, y abierta como un mar."
Porifirio Barba Jacob, la Habana, 1915
Voici
des mots que j’ai découvert, il y a peu, dans cette « Canción de la vida profunda ». Tant de fois j’ai eu ce sentiment
et je suis parti sans peur. Le monde est rempli d’opportunités, l’étranger est une
chance d’exister ailleurs et la boussole de chacun est libre de fixer ses caps.
Aujourd’hui si j’aspire
à m’ancrer c’est aussi que cette danse ne peut être incessante. S’installer,
vivre et repartir. Une fois, deux fois, trois fois… J’ai des souvenirs pleins la
tête de ces dernières années. Aujourd’hui je veux les digérer, les ordonner et
en créer de nouveaux, mais plus paisiblement et dans le long terme. Me
renforcer en recollant tous les morceaux pour en faire une structure puissante
et stable. En voici quelques uns épars :
Je
me souviens avoir couru dans la neige descendant les collines d’Abisko au nord
de la Suède, je me souviens des nuits passées à arpenter le pavé humide de
Bruxelles à trois ans d’intervalle avec des donnes si différentes, je me
souviens avoir contemplé chaque matin un monde nouveau en prenant mon café
depuis mon balcon de Shanghai et puis tous ces voyages… Je me souviens des
capitales du nord de l’Europe, de l’élégante Stockholm, la triste Oslo, la
dynamique Copenhague et puis les pays baltes si uniques dans leurs identités, l’Irlande
tout en mystères et variations, l’intérieur des terres chinoises en immensité vallonnées
et le regard de ses habitants, je me souviens du joyau méditerranéen de Malte,
des ballades italiennes et bien des
choses encore.
Je
me souviens de tant de personnes, des portraits en rafales défilent derrière
mes yeux, alors je vois les leurs. Ils me disent tout, m’expliquent, me
montrent, m’écoutent, s’emportent, me touchent, m’ignorent, me frôle, me
crient, m’embrassent, me sourient, pleurent sur mon épaule… Ils sont une valse
à mille paradigmes, ils sont de tous les pays, ils ont un passé et des espérances,
ils m’ont montré le meilleur et le pire, ils ont vécu à mes côtés.
De
certains je garde quelque chose de fort en moi, leur empreinte fut plus
profonde, ils m’ont construit, m’ont guidé, m’ont changé, ils ont fait ce que
je suis en cet instant.
Je
me souviens de bagages fait et défaits, dix fois, cent fois, de bus, d’avions,
de voitures louées, de taxis, de chiens de traîneaux, quelques motos, de
marches interminables… Je me souviens d’heures d’attentes dans les gares, les
aéroports ou au bord de la route.
Je
me souviens de mes pas qui créaient d’éphémères dessins dans le sable et la
boue, si anonymes sur le bitume des villes.
Je
vous écris depuis ma nouvelle adresse, à quelques jours de mon anniversaire, j’ai
l’habitude de faire le point. J’aime bien revenir en arrière, revivre le vécu,
disséquer quelques tranches de vies. Sans nostalgie envahissante, ni regrets,
ni remords, juste en paix.
Je
me souviens que de mon nouveau toit on peut admirer le fleuve, qu’ici il est
bientôt l’heure de déjeuner et que vendredi a toujours été mon jour préféré,
bonne journée !