Uruguay

Uruguay

samedi 26 avril 2014

Montevideo un dimanche matin



J’ai toujours été un explorateur urbain, j’aime marcher et découvrir les villes. Il est 10 heures du matin un dimanche de pâques et j’ai cette envie indicible d’aller en découdre avec Montevideo. Je me suis réveillé excité à l’envie de fouler chaque rue qui me conduira de chez moi jusqu’à la plaza independencia.
Il est 10 heures, le ciel est voilé, il me rappelle lorsque je partais à la découverte de Shanghai ou Hong Kong, je prends la porte.


Pas question de longer le bord de mer aujourd’hui, je veux me perdre dans le dédale des rues quadrillées. Je longe d’abord les murs de l’ancienne prison, à moins de cinquante mètres de la mer, de quoi rêver d’évasion ! Aujourd’hui trône un imposant hôtel Sheraton et un grand centre commercial là où s’élevaient autrefois les remparts.



Entre chez moi et la plaza independencia, aucun but réel, aucun plan en tête, juste l’envie d’aller au gré des rues. Le temps se découvre au fil de mes pas. La lourde chape grise glisse sur le fleuve océan et laisse apparaître la ville sous un soleil éclatant et un ciel délavé.

Derrière les grilles d’un jardin, un canon miniature, une urne et une statue paraissant un Dionysos tout en poitrine. Un air de mystère qui me rappelle un livre lu dans mon enfance : la Vénus d’Ille.


Dimanche de pâques, les rues sont assez désertes. Tout le monde a du profiter de ce jour pour dormir, à moins que les préparatifs s’organisent déjà pour cet évènement qui réunira les familles au déjeuner. J’ai cette sensation agréable que la ville se réveille avec moi. Peu à peu j’aperçois les premiers footings, les gens qui entrent et sortent des magasins, les cafés sont ouverts et les restos s’apprêtent à recevoir.

Il est 11 heures et c’est le rush, le rythme et le trafic s’accélèrent, le nombre de voitures, motos et bus sans âge décuple. Je passe des boulevards aux rues plus étroites et si typiques de Montevideo. Des maisons basses et colorées, un étage comme point culminant et une foule de détails et d’ornements à observer.





Ce sont des quartiers beaucoup plus calmes et je croise peu de gens. Dans une rue, un vendeur de journaux ambulant annonce les titres en criant. J’ai l’impression d’un personnage fantastique clamant les nouvelles du jour dans une ville fantôme. Cette phrase d’Allain Leprest me vient : 

« Il est l'heure où les chats se couchent/Un accordéoniste aveugle / Ecoute le doigt sur la touche / Le big bang avant le grand bug ». 
En réalité les portes s’ouvrent sur des intérieurs frais et les clients sont au rendez-vous.




Je marche à l’intuition, sélectionnant l’itinéraire à l’aspect des maisons ou à un détail qui m’interpelle. Après une longue traversée de ces rues étroites je rejoins un grand boulevard, 18 de Julio.

Là c’est l’effervescence, certains manifestent contre un projet de mine à ciel ouvert, d’autres boivent l’indissociable maté sur les marches d’une université, les églises battent leur plein en ce jour saint et les odeurs de tabac, viande grillée et pot d’échappement se mêlent allégrement.




Puis un marché, en réalité l’ultime section du gigantesque marché dominical de Tristan Narvaja. Je vous le ferai découvrir un jour via un article, car il vaut vraiment le détour. Je me ressens dans l’ambiance des villes surpeuplées, on marche en piétinant au milieu de la foule métissée, de bruits en tout genre (voitures, cris d’animaux, vendeurs à la sauvette, commerçants tentant d’attirer l’attention et le crépitement de milliers de conversations…), et d’étals innombrables (livres dans toutes les langues, animaux, vieilleries sans valeur, trésors cachés, plantes, fruits et légumes, vinyles et encore toute une foule d’objets intrigants).

En voici un petit aperçu dans cette vidéo http://www.youtube.com/watch?v=9fNVHYv4lys

Le reste du boulevard nous replonge dans le temps passé, il faut lever la tête pour s’imaginer le Montevideo des années 30. L’époque où le Palacio Salvo était le bâtiment le plus haut d’Amérique Latine et où la ville incarnait le modernisme et l’élégance: un joyau au bord du fleuve, le Montevideo de la belle époque.


Un autre rassemblement a lieu, les gens attendent avec impatience l’arrivée des coureurs de la Vuelta Ciclista dont c’est le jour de l’ultime étape. Je m’en désintéresse, la tête levé sur les façades art-déco et les coupoles des anciens bâtiments. 

Enfin, j’arrive sur la Plaza Independencia, je me joins aux touristes, immortalise le moment puis redescend le long des berges du fleuve, car tout commence et termine ici. La ville, elle, ne m’a heureusement pas encore tout révélé, en attendant, la chape de plomb a refait surface...

vendredi 18 avril 2014

Présentation de "Los caminos, les chemins"




Que le temps passe vite. Les semaines s’enchaînent et je m’aperçois que cela fait bientôt huit mois que je vis ici et quasiment deux que je ne vous ai rien écrit… Le weekend de pâques m’offre l’opportunité de me rattraper.

L’Uruguay est un pays d’opportunités et c’est souvent que l’on vous propose des options que vous n’auriez pu envisager ailleurs. La publication de ce livre en est un exemple. C’est durant l’été 2012, lors de mon premier voyage en Uruguay que l’idée me fut suggérée : écrire et publier un recueil de poésie bilingue.




Vaste sujet, mon choix se porta sur une sélection de poésie que j’avais écrite ces dernières années. Plus la sélection avançait plus je réalisais que trois thèmes ressortaient : les villes, les sentiments humains et le voyage. Ces trois éléments se recoupaient sans cesse, se mélangeaient et prenaient forme en une unité, ils dictèrent donc cette sélection.

Après la sélection vint l’heure de la traduction, d’abord à distance puis achevée une fois sur place. Elle fut réalisée à quatre mains, avec l’aide d’Alfredo Villegas Oromi, auteur argento-uruguayen de poésie, nouvelles et roman. Ce fut un travail long et fatiguant mais terriblement intéressant. Restituer la vision poétique d’une phrase dans une autre langue, c’est inventer un autre vers. Passer des heures à chercher le mot juste, à tenter d’expliquer l’expression utilisée, à travailler chaque phrase les unes après les autres et les faire jongler dans ses deux si belles langues. Cette expérience a enrichit le livre lui-même, mais également ma manière d’écrire par tout ce que j’ai pu apprendre.




« Los caminos, les chemins » arriva donc dans sa forme définitive courant du mois de mars et fut présenté à Montevideo par une belle soirée de début d’automne austral.Je fus surpris par le grand nombre de personnes qui vinrent, par les discours qu’Alfredo et Oskar Rodrigañez (poète espagnol qui a réalisé la quatrième de couverture) qui furent très touchants, en un mot ce fut une réussite !




Voici un petit extrait du livre :


XXIII   Destin gelé

Semelles lacustres sur le pavé mouillé
Ruisselant sur ma nuque, un autre hiver gelé
Souffrance du quotidien, transpirant sur mon teint
L’attaque désormais s’empare de mes mains

Qu’au choix millénaires je ne tiendrai rigueur
A ceux qui par le pas, tracèrent le long chemin
Où maintenant j’endure mon labeur
Où je semble achever mon souffreteux destin

Un œil usé par le souffle glacé
Par ce qui se trame dans mes tristes pensées
Regard avisé sur l’avenir proche
Vaguement attristé, comme un extrait de roche



Pour toutes les informations relatives au livre et/ou comment se le procurer : etienneaubert.pro@gmail.com

vendredi 4 avril 2014

Carte blanche à...


Rambla de Montevideo

Certains ont pu constater que le blog n’avançait pas beaucoup ces derniers temps : pour cause, Etienne consacrait tout son temps libre à ses parents venus se perdre en ces contrées lointaines. Et comme punition, il nous a demandé de remplir la chronique…

L’arrivée… Montevidéo
Après les grands aéroports internationaux, l’atterrissage à Montevideo Carrasco, un petit aéroport flambant neuf, donne une impression de province, aussitôt confirmée dès qu’on prend la route vers le centre ville, chaussées peu entretenues, circulation fantaisiste. Par contre la ville est étendue et en empruntant la rambla, telle Nice et sa promenade, la ville s’étoffe peu à peu quand on s’approche du centre. Quelques immeubles en construction mais dans l’ensemble une architecture variée, anarchique, et assez ancienne. 

Nous découvrons la ville ces premiers jours ; une circulation pas très dense sauf aux heures de pointe, un mélange de véhicules de toutes époques, des bus vieillissant,..quelques monuments plus ou moins « lourds » et une vielle ville près du port. De nombreux immeubles « modern style » témoignent d’une belle époque qui semble révolue…mais l’activité générale et l’apparition d’ilots contemporains où l’on retrouve tous nos repères (commerces etc…) de même qu’en périphérie des zones franches animées, traduisent une ville en redressement économique. 

Peu de mendiants, ni de traces de misères; par contre de nombreux « services à pourboire » comme garder les voitures en stationnement, servir l’essence, sont les signes que le système comporte quelques exclus, mais dans l’ensemble  plutôt une grande classe moyenne qui anime la ville (au moins son centre) de ses déplacements nonchalants. Si les aménagements publics témoignent d’un niveau de vie sans doute inférieur, l’habillement est à la fois simple et contemporain. 
Le stress et la précipitation sont inexistants, et les passants d’une amabilité constante. Une ville où il fait bon vivre.

Bien sur il faut revenir sur cette rambla, ce bord de mer de 22 km, bordé de pelouses et de plages, de pistes de jogging, de bancs et de matériel de sport en accès libre : artère structurante et animée en permanence, où les employés et autres retraités viennent boire leur maté qu’ils font tourner entre eux, à toute heure du jour. Le temps se ralentit. 
Ajouter à cela que le soleil est au nord et qu’il tourne de droite à gauche, on sent à la fois que l’on perd ses repères  mais que l’on est dans un endroit où l’on pourrait s’intégrer sans efforts…


Un petit tour à la campagne…
Au nord de Montevideo et jusqu’aux frontières du Brésil, s’étend l’Uruguay profond, que nous souhaitions voir. Il faut d’abord trouver une des 5 ou 6 nationales qui s’échappent de Montevideo vers le Nord et l’Est et qui ne prennent consistance qu’une fois les zones de banlieue dépassées, mais sans fléchage intermédiaire : l’occasion de se perdre dans des quartiers plus pauvres et mal famés ; ensuite belles nationales bien entretenues qui constituent l’ossature routière de l’Uruguay : quand on les quitte : chemin de terre sur des km. Un petit bourg tous les 20km avec son école rurale, un café du style Bagdad café, quelques fermes et des prés à l’infini. 

Quand nous quittons la route pour un chemin à droite sur indication précise du site de l’estancia que nous allons rejoindre, on s’enfonce dans la pampa, ces immenses prés d’herbe naturelle dans lesquels paissent à l’horizon de nombreuses vaches en quasi liberté. Le chemin est plein d’ornières et nous avançons lentement ; nous croisons sur leurs chevaux un groupe de gauchos en train de faire passer des vaches d’un pré à l’autre ; une ferme tous les 10km environ discrètement cachée dans un bosquet. De l’élevage rien que de l’élevage, pas une culture, pas un radis ! nous sommes enfin accueillis à l’estancia, en bout de chemin 40km plus loin, par des hôtes charmants qui ont sans doute voulu rompre leur solitude par quelques chambres à louer avec activités à la ferme : j’aurai du dire activité au singulier, la principale étant de faire des randonnées à chevaux. Ils possèdent de magnifique bêtes qui promènent les touristes en plus de poursuivre les troupeaux ; une nourriture copieuse mais simple, trop simple, et le soir un ciel à dévorer des yeux dans l’obscurité des plaines infinies ; quelques animaux sauvages, des oiseaux, des énormes lézards et des ñandous, équivalent sud américain de l’autruche, en légèrement plus petit.



Une agriculture sans traite sans tracteurs, de purs cow boys. Là aussi, le calme, la lenteur et le maté règlent le tempo. Et toujours cette gentillesse. Donc ce n’ est pas sauvage, mais c’est immense et naturel ; seules les clotures quadrillent cet espace pour montrer que l’homme se l’est approprié. Un séjour pour les amateurs de calme, de chevaux et éventuellement d’ asados !.. voir plus loin…

Trois jours plus tard, sur le chemin du retour , nous ferons halte à Minas petite ville minière : la ville sud américaine type, avec son quadrillage de rues ses maisons basses et sa place principale carrée où se concentrent autour d’un parc central,  les signes du pouvoir : mairie, église, théâtre, et autres administrations et où l’on trouve les principaux cafés ; ambiance décontractée.

La côte Est …

De Montevideo la côte s’étend à l’est et l’ouest : à l’Ouest on s’enfonce dans l’estuaire de la plata et ce n’est pas véritablement la mer, mais on ne voit toujours pas l’autre côté (l’Argentine) à Colonia situé à 120 km de Montevideo. Vers l’Est la côte ne devient véritablement la mer (au sens d’eau salée) qu’à une cinquantaine de km de Montevideo. On distinguera deux parties, la première de Montevideo à Punta del Este (120km à l’Est) une côte civilisée où se succèdent petites stations balnéaires et belle plages, et la deuxième au-delà de Punta del Este où la côte s’incurve vers le nord et devient de plus en plus sauvage jusqu’au Brésil.


Nous commençons par cette deuxième partie, où une côte de style languedocien ou nord breton (des dunes de sable blanc, quelques rochers granitiques, et des lagunes s’étend sur 200 km jusqu’au Brésil, avec environ 4 points d’accumulations de cabanes en bois ( on pourrait se croire à Gruissan) multicolores et déglinguées. Ces stations, haut lieu du hippie ou du surfeur uruguayen, argentin ou brésilien, sont désertées dès la fin des vacances et nous y étions parmi les rares habitants à chercher une boutique ou un resto ouvert ; un charme de western d’hiver. La mer peut y être belle, nous l’avons vue déchaînée sous la pluie et les loups de mers n’étaient pas au rendez vous. Public oblige, les prix sont un peu déjantés. Enfin pour surfer ou bronzer tranquille il n’y a pas mieux. 

En descendant et en se rapprochant de Punta del Este une petite station plus huppée, en dur, la Pedrera, et une station pour riches argentins, port José Ignacio , terminent ce parcours.
Punta del Este surprend : c’est Miami qui apparait tout d’un coup : de hauts buildings, des hôtels, des grands boulevards et une « vieille ville » un peu plus basse au bout de la pointe. Cette station, qui fait plus moderne et plus cossue que Montevideo est largement tournée vers les riches argentins ,brésiliens nord américains et uruguayens qui y possèdent des résidences secondaires : quasiment toutes vides lorsque nous y sommes passés; nous avions  l’impression de nous trouver dans un décor de film. 
Néanmoins nos hôtes attentifs nous ont guidés au cœur d’un immense hôtel international, véritable usine à congrès, cérémonies, salles de jeux casinos, où tel l’intérieur d’une ruche des centaines de personnes s’amusaient à l’abri du vent.
Et puis tout le long une rambla longeant des plages de dunes et de sable où l’on peut se baigner en sortant de chez soi. Sans oublier son petit port de plaisance où les loups de mers (enfin !) viennent narguer le touriste. En bref une ville aux calibre international.


                                                                    Punta del Este

Entre Punta et Montevideo de nombreuses petites stations s’égrainent, où les Montevidéens viennent passer le week end ou les vacances ; magnifiques plages et densité faible. – Piriapolis est la plus importante avec une architecture classique, un vieil hôtel immense et une petite colline qui permet de dominer la côte. 
A signaler également à Punta Ballena la villa déjantée du Dali Uruguayen Carlos Paez Vilaro.

L’échappée argentine…
Si près du but il nous fallait élargir notre escapade à quelque destination voisine ; nous avons choisi (choisir c’est renoncer!) Buenos aires et Salta une ville du nord ouest de l’argentine, dans les Andes afin de goûter à l'altitude et à la culture indienne.


Salta : nous avons retrouvé le style de ville d’Amérique latine que nous avions rencontré au Mexique : rues quadrillées au cordeau, maisons basses et blanches avec cours intérieures et patios, et une grande place centrale animée toute la journée et lieu de rencontre le soir ; une population métissée d’indiens. Un marché où l’on trouve toutes sortes d’ herbes (la fameuse feuille de coca) et des morceaux de viande de toutes sortes. La aussi nonchalance et douceur. 
Un soir sur la place centrale nous sommes tombés sur une cérémonie, manifestation périodique de rappel des disparus de la dictature : même dans cette ville du bout du monde ils ont été des centaines à disparaître et leurs familles ne veulent pas les oublier ;


La ville à 1200 m d’altitude et quasiment sous le tropique du capricorne, a des fortes variations diurnes de températures, et un climat assez sec et poussiéreux ; point de départ de nombreuses excursions, Cafayate la vallée du vin, les vallées calchaquis et huamaracas et le lac salé. Chaque fois on se rapproche du cœur des Andes montant progressivement à 3500 puis 4000m vers des paysages à couper le souffle. On y est proche de la Bolivie et du Chili. La hauteur mais pas la neige, du moins à cette saison, A 4000 m les lamas paissent encore dans une herbe abondante. Seul le sommet régional ( le Llullaillaco…. 6700m ) au loin est recouvert de neiges éternelles.
Le tourisme pour gens tranquilles à Salta est très facile, nombreux hôtels etc… y compris dans quelques villages reculés fiefs de la culture inca .Bref cette ville « vaut le déplacement » et mérite que l’on y reste quelques jours..


Colonia del Sacramento

Colonia Del Sacramento : pour aller vers Buenos aires il faut traverser le rio de la Plata : soit directement depuis Montevideo (3h) , soit, en remontant l’estuaire, depuis Colonia (1h) : cette petite ville, la première fondée en Uruguay par les Portugais, est une ville touristique historique qui a conservé ses vieilles demeures et son charme (le Québec local en plus petit) : on s’y imagine débarqué d’un bateau et devant survivre, défricher etc.. en attendant le suivant, un an plus tard !!


Cimetière de la Recoleta, Buenos Aires

Buenos aires , où nous avions Etienne et Magda, est une grande ville américaine, avec ses buildings, avenues, quartiers riches , quartiers touristiques du port, certains de ces quartiers évoquant l’Europe , quartiers plus intimes (italiens) et puis à l’infini, nous les avons vus en avion, des quartiers sans doute plus pauvres et insalubres que l’on ne nous a pas recommandé d’aller voir ; le mythe du tango court après le touriste…
La place de Mai ( celle des folles) sert de lieu de manifestation permanent , cette fois ci c’étaient les familles des marins morts pour les Malouines qui manifestaient.
Je ne m’étendrai pas plus vu le peu de temps passé, mais cette ville sans doute pleine de richesses et de vitalité mérite que l’on s’y attarde quelques jours.
Notons cependant que l’on  y mange bien , tradition italienne aidant.

Un dernier mot sur l’argentine : les aspects de la crise vus par le voyageur sont le taux de change très bas et avantageux du pesos argentin, et de nombreuses personnes qui mendient ou vous proposent des pesos à prix canon, souvent faux dit on (à moins que se soit une rumeur pour détourner du marché noir). Lors d’une promenade le long des berges vers l’aéroport  intérieur Aeroparque, situé quasiment en ville,  nous avons néanmoins noté une grande misère vestimentaire des familles venues pêcher …

Le voyage AR Buenos aires Salta nous fait survoler des étendues infinies, des rivières, des lacs, des montagnes, enfin un pays immense plein de richesses (et nous n’en avons vu qu’une petite partie ( loin de la Patagonie, …)) , sous tous les climats dont les plus favorables, et qui peine à s’en sortir à cause d’une organisation politique désuète où une oligarchie d’un autre âge monopolise les richesses et l’organisation dans son seul intérêt. Comme quoi le populisme est un poison qui laisse des traces très longtemps. Celui qui m’en a parlé n’y voyait pas d’évolution avant longtemps.

L’accueil…les gens

Commencer par Etienne et Magda qui nous ont hébergés, fait visiter, prêté leur voiture et consacré l’essentiel de leur temps quand nous y étions ; nous les remercions encore ; le plaisir de se revoir était partagé et nous cherchions à passer le plus de temps ensemble.

La famille de Magda de deux côtés nous a accueillis très chaleureusement. Nous faisions partis de la famille. Qui plus est, nous étions européens et en plus français, ce qui permettait de pratiquer, pour les gens de  notre âge un français appris à l’école, mais toujours vivace, et évoquer voyages et culture européennes. Car ces gens là sont très fortement tournés vers l’Europe, sa culture, sa cuisine. Ils en sont tous issus, la plupart d’Italie, et elle reste un point de mire, à peu près aussi proche pour eux que les états unis et destination de leurs vacances annuelles.
 Le reste de l’Amérique du sud leur est moins connu et la culture indienne qui y est marquée fait que la plupart d’entre eux s’y sentent plus étrangers. Cette quête sans doute plus présente dans les milieux de la classe aisée que nous avons côtoyée était sans doute exacerbée en notre présence, présentant un petit côté désuet. Mais en tous les cas un accueil très simple, et très hospitalier et sans protocole aucun. 
C’est dans ce contexte que nous avons pratiqué le sport local, l’ asado, un immense barbecue dans lequel on fait griller tout ce que la bête a sur les os (les bêtes car il y a aussi porc et mouton) en finissant par les steaks les plus tendres ; Ils aiment plutôt bien cuit ; toutes les maisons possèdent leur cheminée et grilles à faire la cendre et à cuire. 
Les pâtes sont excellentes et en particulier plusieurs sortes de raviolis assez épais (les sorrentinos sont un délice !). Il ne faut pas oublier les empanadas , chaussons à la viande ou au fromage frits ou passés au four.
La vie est nonchalante, on fait les choses les unes après les autres sans se presser, on a toujours le temps puisque l’on déjeune vers 15h et dine vers 22h. Les péripéties de l’Ukraine ou de la chine semblent loin, l’actualité restant assez locale ; néanmoins ils suivent avec attention la vie de leurs grands voisins Argentine et Brésil  et les crises qui s’y déroulent et dont ils subissent les conséquences directement.



                                                          Mercado del puerto, Montevideo

La vie d’un petit pays ne comporte pas que des avantages, bien qu’ils soient nombreux, mais comporte une dépendance totale au reste du monde, à l’exception de la viande bovine, pour tous les produits de la vie courante et les choix stratégiques (énergie par exemple) : on s’y sent un peu comme sur un radeau flottant sur les vagues de l’Amérique du sud , à la merci des tempêtes à venir.

L’histoire de l’Uruguay est récente , puisque sa structure démocratique actuelle ne date que de l’après guerre et sa forme définitive des années 1840. Les quelques héros de l’indépendance, contre les espagnols, les anglais et les Brésiliens et Argentins sont abondamment présents dans les places et les noms de rues .
Le monde culturel est limité, quelques écrivains et peintres , mais il faut s’étendre à l’Amérique du sud pour définir une culture plus riche. Cependant les théâtres et salles de spectacle voient défiler les troupes du monde entier .

C’est un voyage qui vous laisse confus ; d’abord par le contexte personnel, on y va quelque part « en famille » avec tous les avenirs possibles et imaginables mais je ne m’y étendrai pas...
Ensuite cette Amérique du Sud, du Sud Est, si peu indienne, aux élites si européennes, donne l’impression de s’y reconnaître un peu, d’avoir des repères, mais à la fois elle semble être ailleurs, dans un monde à venir…
L’Uruguay est sans doute l’état le plus avancé dans la pratique de la démocratie et le niveau de vie, et avec des options solides . Mais il est si petit qu’il faut qu’il se protège et son avenir ne pourra pas échapper à celui de la région, qu’on lui souhaite favorable.