Rambla de Montevideo
Certains
ont pu constater que le blog n’avançait pas beaucoup ces derniers temps :
pour cause, Etienne consacrait tout son temps libre à ses parents venus se
perdre en ces contrées lointaines. Et comme punition, il nous a demandé de remplir
la chronique…
L’arrivée… Montevidéo
Après
les grands aéroports internationaux, l’atterrissage à Montevideo Carrasco, un
petit aéroport flambant neuf, donne une impression de province, aussitôt confirmée
dès qu’on prend la route vers le centre ville, chaussées peu entretenues,
circulation fantaisiste. Par contre la ville est étendue et en empruntant la rambla, telle Nice et sa promenade, la ville s’étoffe peu à peu quand on
s’approche du centre. Quelques immeubles en construction mais dans l’ensemble
une architecture variée, anarchique, et assez ancienne.
Nous découvrons la
ville ces premiers jours ; une circulation pas très dense sauf aux heures
de pointe, un mélange de véhicules de toutes époques, des bus
vieillissant,..quelques monuments plus ou moins « lourds » et une
vielle ville près du port. De nombreux immeubles « modern style »
témoignent d’une belle époque qui semble révolue…mais l’activité générale et
l’apparition d’ilots contemporains où l’on retrouve tous nos repères (commerces
etc…) de même qu’en périphérie des zones franches animées, traduisent une ville
en redressement économique.
Peu de mendiants, ni de traces de misères; par
contre de nombreux « services à pourboire » comme garder les voitures
en stationnement, servir l’essence, sont les signes que le système comporte
quelques exclus, mais dans l’ensemble plutôt une grande classe moyenne qui anime la
ville (au moins son centre) de ses déplacements nonchalants. Si les aménagements
publics témoignent d’un niveau de vie sans doute inférieur, l’habillement est à
la fois simple et contemporain.
Le stress et la précipitation sont inexistants,
et les passants d’une amabilité constante. Une ville où il fait bon vivre.
Bien sur il faut revenir sur cette rambla, ce
bord de mer de 22 km, bordé de pelouses et de plages, de pistes de jogging, de
bancs et de matériel de sport en accès libre : artère structurante et
animée en permanence, où les employés et autres retraités viennent boire leur
maté qu’ils font tourner entre eux, à toute heure du jour. Le temps se
ralentit.
Ajouter à cela que le soleil est au nord et qu’il tourne de droite à
gauche, on sent à la fois que l’on perd ses repères mais que l’on est dans un endroit où l’on
pourrait s’intégrer sans efforts…
Un petit tour à la campagne…
Au nord
de Montevideo et jusqu’aux frontières du Brésil, s’étend l’Uruguay profond, que
nous souhaitions voir. Il faut d’abord trouver une des 5 ou 6 nationales qui
s’échappent de Montevideo vers le Nord et l’Est et qui ne prennent consistance
qu’une fois les zones de banlieue dépassées, mais sans fléchage intermédiaire :
l’occasion de se perdre dans des quartiers plus pauvres et mal famés ;
ensuite belles nationales bien entretenues qui constituent l’ossature routière
de l’Uruguay : quand on les quitte : chemin de terre sur des km. Un
petit bourg tous les 20km avec son école rurale, un café du style Bagdad café,
quelques fermes et des prés à l’infini.
Quand nous quittons la route pour un
chemin à droite sur indication précise du site de l’estancia que nous allons
rejoindre, on s’enfonce dans la pampa, ces immenses prés d’herbe naturelle dans
lesquels paissent à l’horizon de nombreuses vaches en quasi liberté. Le chemin
est plein d’ornières et nous avançons lentement ; nous croisons sur leurs
chevaux un groupe de gauchos en train de faire passer des vaches d’un pré à
l’autre ; une ferme tous les 10km environ discrètement cachée dans un
bosquet. De l’élevage rien que de l’élevage, pas une culture, pas un
radis ! nous sommes enfin accueillis à l’estancia, en bout de chemin 40km
plus loin, par des hôtes charmants qui ont sans doute voulu rompre leur
solitude par quelques chambres à louer avec activités à la ferme : j’aurai
du dire activité au singulier, la principale étant de faire des randonnées à
chevaux. Ils possèdent de magnifique bêtes qui promènent les touristes en plus
de poursuivre les troupeaux ; une nourriture copieuse mais simple, trop
simple, et le soir un ciel à dévorer des yeux dans l’obscurité des plaines
infinies ; quelques animaux sauvages, des oiseaux, des énormes lézards et
des ñandous, équivalent sud américain de l’autruche, en légèrement plus
petit.
Une
agriculture sans traite sans tracteurs, de purs cow boys. Là aussi, le calme,
la lenteur et le maté règlent le tempo. Et toujours cette gentillesse. Donc ce
n’ est pas sauvage, mais c’est immense et naturel ; seules les clotures
quadrillent cet espace pour montrer que l’homme se l’est approprié. Un séjour
pour les amateurs de calme, de chevaux et éventuellement d’ asados !..
voir plus loin…
Trois
jours plus tard, sur le chemin du retour , nous ferons halte à Minas petite
ville minière : la ville sud américaine type, avec son quadrillage de rues
ses maisons basses et sa place principale carrée où se concentrent autour d’un
parc central, les signes du
pouvoir : mairie, église, théâtre, et autres administrations et où l’on
trouve les principaux cafés ; ambi ance décontractée.
La côte Est …
De
Montevideo la côte s’étend à l’est et l’ouest : à l’Ouest on s’enfonce
dans l’estuaire de la plata et ce n’est pas véritablement la mer, mais on ne
voit toujours pas l’autre côté (l’Argentine) à Colonia situé à 120 km de
Montevideo. Vers l’Est la côte ne devient véritablement la mer (au sens
d’eau salée) qu’à une cinquantaine de km de Montevideo. On distinguera deux
parties, la première de Montevideo à Punta del Este (120km à l’Est) une côte
civilisée où se succèdent petites stations balnéaires et belle plages, et la
deuxième au-delà de Punta del Este où la côte s’incurve vers le nord et devient
de plus en plus sauvage jusqu’au Brésil.
Nous
commençons par cette deuxième partie, où une côte de style languedocien ou nord
breton (des dunes de sable blanc, quelques rochers granitiques, et des lagunes
s’étend sur 200 km jusqu’au Brésil, avec environ 4 points d’accumulations de
cabanes en bois ( on pourrait se croire à Gruissan) multicolores et
déglinguées. Ces stations, haut lieu du hippie ou du surfeur uruguayen, argentin ou
brésilien, sont désertées dès la fin des vacances et nous y étions parmi les
rares habitants à chercher une boutique ou un resto ouvert ; un charme de
western d’hiver. La mer peut y être belle, nous l’avons vue déchaînée sous la
pluie et les loups de mers n’étaient pas au rendez vous. Public oblige, les
prix sont un peu déjantés. Enfin pour surfer ou bronzer tranquille il n’y a pas
mieux.
En
descendant et en se rapprochant de Punta
del Este une petite station plus huppée, en dur, la Pedrera, et une station
pour riches argentins, port José Ignacio , terminent ce parcours.
Punta
del Este surprend : c’est Miami qui apparait tout d’un coup : de
hauts buildings, des hôtels, des grands boulevards et une « vieille
ville » un peu plus basse au bout de la pointe. Cette station, qui fait
plus moderne et plus cossue que Montevideo est largement tournée vers les
riches argentins ,brésiliens nord américains et uruguayens qui y possèdent des
résidences secondaires : quasiment toutes vides lorsque nous y sommes
passés; nous avions l’impression
de nous trouver dans un décor de film.
Néanmoins nos hôtes attentifs nous ont
guidés au cœur d’un immense hôtel international, véritable usine à congrès,
cérémonies, salles de jeux casinos, où tel l’intérieur d’une ruche des
centaines de personnes s’amusaient à l’abri du vent.
Et puis tout le long une rambla longeant des plages
de dunes et de sable où l’on peut se baigner en sortant de chez soi. Sans
oublier son petit port de plaisance où les loups de mers (enfin !)
viennent narguer le touriste. En bref une ville aux calibre international.
Punta del Este
Entre
Punta et Montevideo de nombreuses petites stations s’égrainent, où les Montevidéens
viennent passer le week end ou les vacances ; magnifiques plages et
densité faible. – Piriapolis est la plus importante avec une architecture
classique, un vieil hôtel immense et une petite colline qui permet de dominer
la côte.
A signaler également à Punta Ballena la villa déjantée du Dali
Uruguayen Carlos Paez Vilaro.
L’échappée argentine…
Si près
du but il nous fallait élargir notre escapade à quelque destination
voisine ; nous avons choisi (choisir c’est renoncer!) Buenos aires et Salta
une ville du nord ouest de l’argentine, dans les Andes afin de goûter à l'altitude
et à la culture indienne.
Salta : nous avons retrouvé le style de
ville d’Amérique latine que nous avions rencontré au Mexique : rues
quadrillées au cordeau, maisons basses et blanches avec cours intérieures et
patios, et une grande place centrale animée toute la journée et lieu de rencontre le
soir ; une population métissée d’indiens. Un marché où l’on trouve toutes
sortes d’ herbes (la fameuse feuille de coca) et des morceaux de viande de
toutes sortes. La aussi nonchalance et douceur.
Un soir sur la place centrale
nous sommes tombés sur une cérémonie, manifestation périodique de rappel des
disparus de la dictature : même dans cette ville du bout du monde ils ont
été des centaines à disparaître et leurs familles ne veulent pas les
oublier ;
La ville à 1200 m d’altitude et quasiment sous le tropique du capricorne, a des fortes
variations diurnes de températures, et un climat assez sec et poussiéreux ;
point de départ de nombreuses excursions, Cafayate la vallée du vin, les
vallées calchaquis et huamaracas et le lac salé. Chaque fois on se rapproche
du cœur des Andes montant progressivement à 3500 puis 4000m vers des paysages à
couper le souffle. On y est proche de la Bolivie et du Chili. La hauteur mais
pas la neige, du moins à cette saison, A 4000 m les lamas paissent encore dans
une herbe abondante. Seul le sommet régional ( le Llullaillaco…. 6700m ) au
loin est recouvert de neiges éternelles.
Le
tourisme pour gens tranquilles à Salta est très facile, nombreux hôtels etc… y
compris dans quelques villages reculés fiefs de la culture inca .Bref cette
ville « vaut le déplacement » et mérite que l’on y reste quelques
jours..
Colonia del Sacramento
Colonia Del Sacramento : pour aller vers Buenos aires il
faut traverser le rio de la Plata : soit directement depuis Montevideo
(3h) , soit, en remontant l’estuaire, depuis Colonia (1h) : cette petite
ville, la première fondée en Uruguay par les Portugais, est une ville
touristique historique qui a conservé ses vieilles demeures et son charme (le
Québec local en plus petit) : on s’y imagine débarqué d’un bateau et
devant survivre, défricher etc.. en attendant le suivant, un an plus
tard !!
Cimetière de la Recoleta, Buenos Aires
Buenos aires , où nous avions Etienne et
Magda, est une grande ville américaine, avec ses buildings, avenues, quartiers
riches , quartiers touristiques du port, certains de ces quartiers évoquant
l’Europe , quartiers plus intimes (italiens) et puis à l’infini, nous les avons
vus en avion, des quartiers sans doute plus pauvres et insalubres que l’on ne
nous a pas recommandé d’aller voir ; le mythe du tango court après le
touriste…
La place de Mai ( celle des folles) sert de lieu de manifestation permanent , cette fois ci c’étaient les familles des marins morts pour les Malouines qui manifestaient.
La place de Mai ( celle des folles) sert de lieu de manifestation permanent , cette fois ci c’étaient les familles des marins morts pour les Malouines qui manifestaient.
Je ne
m’étendrai pas plus vu le peu de temps passé, mais cette ville sans doute
pleine de richesses et de vitalité mérite que l’on s’y attarde quelques jours.
Notons
cependant que l’on y mange bien ,
tradition italienne aidant.
Un
dernier mot sur l’argentine : les aspects de la crise vus par le voyageur
sont le taux de change très bas et avantageux du pesos argentin, et de
nombreuses personnes qui mendient ou vous proposent des pesos à prix canon,
souvent faux dit on (à moins que se soit une rumeur pour détourner du marché
noir). Lors d’une promenade le long des berges vers l’aéroport intérieur Aeroparque, situé quasiment en
ville, nous avons néanmoins noté une
grande misère vestimentaire des familles venues pêcher …
Le
voyage AR Buenos aires Salta nous fait survoler des étendues infinies, des
rivières, des lacs, des montagnes, enfin un pays immense plein de richesses (et
nous n’en avons vu qu’une petite partie ( loin de la Patagonie, …)) , sous tous
les climats dont les plus favorables, et qui peine à s’en sortir à cause d’une
organisation politique désuète où une oligarchie d’un autre âge monopolise les
richesses et l’organisation dans son seul intérêt. Comme quoi le populisme est
un poison qui laisse des traces très longtemps. Celui qui m’en a parlé n’y
voyait pas d’évolution avant longtemps.
L’accueil…les gens
Commencer
par Etienne et Magda qui nous ont hébergés, fait visiter, prêté leur voiture et
consacré l’essentiel de leur temps quand nous y étions ; nous les
remercions encore ; le plaisir de se revoir était partagé et nous
cherchions à passer le plus de temps ensemble.
La
famille de Magda de deux côtés nous a accueillis très chaleureusement. Nous
faisions partis de la famille. Qui plus est, nous étions européens et en plus
français, ce qui permettait de pratiquer, pour les gens de notre âge un français appris à l’école, mais
toujours vivace, et évoquer voyages et culture européennes. Car ces gens là
sont très fortement tournés vers l’Europe, sa culture, sa cuisine. Ils en sont
tous issus, la plupart d’Italie, et elle reste un point de mire, à peu près
aussi proche pour eux que les états unis et destination de leurs vacances
annuelles.
Le reste de l’Amérique du sud leur est moins connu et la culture indienne qui y est marquée fait que la plupart d’entre eux s’y sentent plus étrangers. Cette quête sans doute plus présente dans les milieux de la classe aisée que nous avons côtoyée était sans doute exacerbée en notre présence, présentant un petit côté désuet. Mais en tous les cas un accueil très simple, et très hospitalier et sans protocole aucun.
C’est dans ce contexte que nous avons pratiqué le sport local, l’ asado, un immense barbecue dans lequel on fait griller tout ce que la bête a sur les os (les bêtes car il y a aussi porc et mouton) en finissant par les steaks les plus tendres ; Ils aiment plutôt bien cuit ; toutes les maisons possèdent leur cheminée et grilles à faire la cendre et à cuire.
Les pâtes sont excellentes et en particulier plusieurs sortes de raviolis assez épais (les sorrentinos sont un délice !). Il ne faut pas oublier les empanadas , chaussons à la viande ou au fromage frits ou passés au four.
Le reste de l’Amérique du sud leur est moins connu et la culture indienne qui y est marquée fait que la plupart d’entre eux s’y sentent plus étrangers. Cette quête sans doute plus présente dans les milieux de la classe aisée que nous avons côtoyée était sans doute exacerbée en notre présence, présentant un petit côté désuet. Mais en tous les cas un accueil très simple, et très hospitalier et sans protocole aucun.
C’est dans ce contexte que nous avons pratiqué le sport local, l’ asado, un immense barbecue dans lequel on fait griller tout ce que la bête a sur les os (les bêtes car il y a aussi porc et mouton) en finissant par les steaks les plus tendres ; Ils aiment plutôt bien cuit ; toutes les maisons possèdent leur cheminée et grilles à faire la cendre et à cuire.
Les pâtes sont excellentes et en particulier plusieurs sortes de raviolis assez épais (les sorrentinos sont un délice !). Il ne faut pas oublier les empanadas , chaussons à la viande ou au fromage frits ou passés au four.
La vie
est nonchalante, on fait les choses les unes après les autres sans se presser,
on a toujours le temps puisque l’on déjeune vers 15h et dine vers 22h. Les
péripéties de l’Ukraine ou de la chine semblent loin, l’actualité restant assez
locale ; néanmoins ils suivent avec attention la vie de leurs grands
voisins Argentine et Brésil et les
crises qui s’y déroulent et dont ils subissent les conséquences directement.
Mercado del puerto, Montevideo
Mercado del puerto, Montevideo
La vie
d’un petit pays ne comporte pas que des avantages, bien qu’ils soient nombreux,
mais comporte une dépendance totale au reste du monde, à l’exception de la
viande bovine, pour tous les produits de la vie courante et les choix
stratégiques (énergie par exemple) : on s’y sent un peu comme sur un
radeau flottant sur les vagues de l’Amérique du sud , à la merci des tempêtes à
venir.
L’histoire
de l’Uruguay est récente , puisque sa structure démocratique actuelle ne date
que de l’après guerre et sa forme définitive des années 1840. Les quelques
héros de l’indépendance, contre les espagnols, les anglais et les Brésiliens et
Argentins sont abondamment présents dans les places et les noms de rues .
Le monde
culturel est limité, quelques écrivains et peintres , mais il faut s’étendre à
l’Amérique du sud pour définir une culture plus riche. Cependant les théâtres et salles de spectacle voient défiler les troupes du monde entier .
C’est un voyage qui vous laisse confus ; d’abord par le contexte personnel, on y va quelque part « en famille » avec tous les avenirs possibles et imaginables mais je ne m’y étendrai pas...
Ensuite cette Amérique du Sud, du Sud Est, si peu indienne, aux élites si européennes, donne l’impression de s’y reconnaître un peu, d’avoir des repères, mais à la fois elle semble être ailleurs, dans un monde à venir…
L’Uruguay est sans doute l’état le plus avancé dans la pratique de la démocratie et le niveau de vie, et avec des options solides . Mais il est si petit qu’il faut qu’il se protège et son avenir ne pourra pas échapper à celui de la région, qu’on lui souhaite favorable.
Merci pour la visite guidée.. Qui donne l'envie de visiter ce pays attachant. Pour la Française que je suis, c'est un pays qui me semble proche et amical.
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